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Apprendre des dates par cœur en histoire ?

Le Parthénon à Athènes

Lorsque je présente mon jeu Le Cube, on me demande parfois quel est l’intérêt d’apprendre par cœur. Pour une poésie ou de l’orthographe, ça se comprend, mais en histoire, en sciences ou en maths, l’objectif n’est-il pas d’abord de comprendre ? Oui, bien sûr. Mais l’apprentissage par cœur, contrairement aux idées reçues, a la vertu de mettre les élèves en situation de réussite ! Et je vais me permettre d’en proposer ici une utilisation qui pourrait se faire en cours d’histoire. Non pas pour apprendre la leçon une fois qu’elle est finie, mais au contraire en début de séquence.

Comment se passe un cours d’histoire ?

Dans un cours d’histoire, au collège notamment, les élèves sont amenés à traiter des questions qu’ils ne se posent pas. On leur demande d’étudier des documents qu’ils n’ont pas choisis. On les enjoint d’avoir des idées sur la manière de les interpréter. Mais en comprennent-ils l’importance ? Ainsi le cours avance avec un professeur qui fait de son mieux pour leur faire toucher du doigt l’intérêt du chapitre. Et incidemment apparaissent des dates qu’ils devront apprendre, car le professeur le demande et que les parents attendent des bonnes notes.

Elève démotivé
Élève démotivé (Illustration Marie Alams)

Imaginons que vous soyez un élève moyen mais motivé. Le temps que vous commenciez à vous approprier le sujet et à comprendre son intérêt, le temps que vous soyez capable de relier les événements et les documents entre eux, le temps en somme que vous commenciez à prendre plaisir à cette étude, le professeur vous annoncera qu’il est temps de faire un contrôle et de passer à autre chose. Bref, vous êtes sans cesse ballotté entre votre souhait de bien faire et la nécessité d’avancer à marche forcée, car le programme scolaire n’attend pas…

Le programme scolaire n’attend pas les élèves.

Alors là, je vais certainement dire une bêtise… Mais on pourrait imaginer un autre processus d’apprentissage qui mettrait les élèves en situation de succès et d’autonomie. En voici une esquisse.

1. On commence par apprendre par cœur, juste pour s’amuser !

Oui, on peut commence par apprendre par cœur, sur un sujet donné, une série de dates. Dans cette étape-là, les seules questions que l’on se pose concernent les astuces de mémorisation (la mnémotechnique) que l’on va mettre en œuvre. Si vous connaissez la ‘méthode des lieux’ et des techniques de mémorisation des nombres, si vous avez déjà joué à Le Cube ou lu Petit génie, vous comprendrez que cette phase est rapidement accessible à tous les élèves et combien elle peut être amusante. Dès le début, en moins d’une heure de cours, on peut mettre ainsi les élèves en situation de réussite.

2. Puis, on se demande quel est l’intérêt du sujet…

C’est seulement dans un deuxième temps que l’on se pose la question de l’intérêt du sujet ! On peut ainsi demander aux élèves pourquoi ces dates sont importantes pour notre compréhension du monde. Et le professeur peut alors décliner une série de questions qui amèneront les élèves à suivre un parcours intellectuel qui leur sera propre, seuls ou en groupes. Cette phase peut et doit être le fruit de nombreux échanges entre les élèves eux-mêmes et bien sûr avec leur enseignant. Celui-ci peut alors les guider dans leur questionnement en les aidant à consulter divers documents, dont leurs livres de cours, des dictionnaires, le web, des dossiers qu’il aura spécialement préparés pour l’occasion, etc. Cette deuxième étape doit, à mon avis, durer une ou deux séances pour que les élèves aient réellement le temps d’éprouver leur capacité à être autonome.

Et tant pis si le questionnement de certains élèves les éloigne (trop) du sujet ! Car si les questions posées les amènent à s’interroger hors programme, que doit faire l’enseignant ? Leur dire que le programme n’attend pas… ? Tant pis, ou peut-être tant mieux ! Car l’émergence de ces questions permettra certainement d’apporter au sujet un nouvel éclairage. Et elles peuvent même permettre aux uns et aux autres, au professeur comme aux élèves, de prendre conscience de certains enjeux psychologiques ou culturels qui sous-tendent les sujets traités.

Quoi qu’il en soit, cette étape permet à tous d’être actifs et d’intervenir à sa manière.

3. Enfin, on se demande ensemble ce qu’il faut retenir de tout ça.

Pour clôturer le chapitre, on écrit ensemble un bilan de quelques lignes. Celui-ci peut être fait de diverses manières, soit par une mise en commun collective, sous forme de débat par exemple, soit par une présentation orale d’une partie des élèves, soit par le professeur lui-même de la manière qu’il jugera la plus pertinente. Cette dernière étape, qui peut durer un peu moins d’une séance, doit être l’occasion de montrer aux élèves la difficulté qu’il peut y avoir à trancher sur l’importance et le sens à donner à tel ou tel événement. Et si certaines phrases du bilan posent problème, car ne faisant pas l’unanimité, alors ce sera le signe que le professeur aura réussi son cours et que l’histoire est une matière vivante

Ce qui est particulièrement intéressant ici, c’est qu’ayant appris dès le début du chapitre les dates clés du sujet, les élèves pourront participer en étant moins complexés qu’ils ne le sont généralement par ce savoir qui ‘tombe du ciel’.

Réussite
Réussite (Illustration Marie Alams)

Conclusion

Avant de conclure, je tiens à préciser que, venant des sciences physiques, je n’ai aucune légitimité pour parler à la place des professeurs d’histoire. Je souhaite simplement porter cette suggestion de l’utilisation de l’apprentissage par cœur comme outil de motivation des élèves, en espérant qu’elle donnera matière à réflexion. En mettant les élèves en réussite ET en action, il est envisageable de les amener à trouver un peu de ce plaisir d’apprendre qui semble tant faire défaut à notre système scolaire.

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